En période de soldes, tant attendue par les consommateurs, les commerçants et les e-commerçants pratiquent des prix avantageux et suscitent l’envie de consommer. Ces prix alléchants poussent les consommateurs à acheter davantage et renouveler leur dressing, sans cesse. En effet, un phénomène de cercle vicieux s’est instauré : Produire. Acheter. Jeter.
Des sommes de vêtements, d’accessoires de mode, et produits textiles confondus, sont jetées chaque année car, plus au goût des consommateurs. Ce cycle est lié au phénomène de tendances, qui évoluent constamment. Cette production de textile contribue progressivement à :
Les soldes participent au business model de la surconsommation et ainsi à une surproduction. Les consommateurs peuvent acheter des articles à moindre coût en période de soldes. Cependant, cette surproduction n’est pas sans conséquences sur l’environnement. En effet, les industriels doivent répondre à cette demande grandissante, en produisant en masse, et en contribuant donc à ce modèle économique linéaire, qui perdure.
Le textile, fait partie des secteurs des plus polluants du monde. En 2023, d’après Statista, l’industrie de la mode a émis 968 millions de tonnes de CO2 dans le monde. Que ce soit lors de sa fabrication, de sa livraison, de la gestion de sa fin de vie, le produit textile est extrêmement nocif pour la planète. L’impact environnemental du textile est considérable.
Fabriquer un produit textile engendre une certaine quantité de produits chimiques, toxiques rejetée. Les matières premières utilisées ne sont pas écologiques. Aujourd’hui, revoir la résistance des fibres ainsi que les process utilisées est inévitable pour réduire l’impact environnemental du textile. Nous devons encourager l’utilisation de matières premières plus naturelles telles que le lin, le chanvre à la différence du polyester qui est à l’origine de nombreux micro plastiques. Par exemple, en 2017, le textile synthétique, contribuait déjà à 35% au rejet global de micro plastiques dans les océans, d’après l’OCDE.
Le produit textile est très souvent fabriqué dans des pays asiatiques, sollicités pour leur faible coût de main d’œuvre. Une grande majorité des vêtements proviennent de la Chine, le plus grand exportateur de produits textiles au monde mais aussi de l’Inde, ou du Bangladesh… Les grandes marques délocalisent et sous traitent leur production dans ces pays où les salariés sont très souvent exploités. Cela leur permet de commercialiser leurs produits à des prix peu élevés, attractifs. Les processus de production utilisés à la fabrication du textile tels que la décoloration, la coloration sont extrêmement impactant pour notre planète. Ces grandes marques européennes peuvent difficilement contrôler leur chaine d’approvisionnement et savoir si les normes gouvernementales (sociales, environnementales) sont respectées dans leurs usines de production notamment. Elles n’ont souvent aucune visibilité sur ce qu’il se passe.
Cette externalisation des usines de fabrication oblige les firmes multinationales à réacheminer le produit vers celui dans lequel il sera commercialisé et puis vendu. Cela nécessite de longs trajets en avion ou par bateau, générant des tonnes d’émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, un jean peut parcourir 65.000 kilomètres de la ferme cotonnière à la garde robe, soit 1,5 fois le tour de la planète, selon l’ADEME.
Dans ce modèle d’hyper consommation, seulement 20% des vêtements sont recyclés, d’après novethic.fr. Il est difficile de recycler les produits textiles. En effet, le recyclage de ces produits pose un réel souci. Les invendus sont parfois détruits, ou enfouis dans le sol. D’autant plus que la durée de vie d’un vêtement peut s’avérer très (trop) courte.
Pour contrer ce gaspillage, certaines marques lancent des produits de seconde main, que ce soit en ligne ou directement sur le point de vente. D’autres marques entreprennent la location de vêtement. D’après The Good Goods, le média de la mode fondée sur des preuves, Studio Paillette, Le Closet, ou encore Commode Commune proposent des pièces de seconde main.
Réutiliser et recycler les textiles va réduire le processus de libération de microfibres dans les sols.
C’est pourquoi, il est nécessaire de prendre conscience de chaque décision d’achat et de comprendre l’impact causé lors de chaque article acheté, notamment en soldes. Certaines entreprises ont revu leur façon de produire, de communiquer pour changer et éduquer les consommateurs.
Des marques de textile éthiques et durables s’efforcent de changer ces modes de consommations non durables. Aujourd’hui, il existe des alternatives qui contribuent à la transition vers un modèle économique circulaire et à la conquête d’une mode plus durable :
L’intervention des pouvoirs politiques est indispensable pour sanctionner les acteurs qui ne respectent pas les textes de lois pour réduire l’impact environnemental de leur textile. Sur l’étiquette, doivent être indiqué les matières premières utilisées, ainsi que le pays de fabrication. Quant aux e-commerçants, ils doivent indiquer sur le site en ligne, les autres étapes le lieu de fabrication, les informations sur le tissage, la teinture et l’impression, ce sont les informations pré requises.
Depuis un an, la traçabilité des produits textiles a été renforcée avec l’obligation pour les metteurs en marché (producteurs, distributeurs mais aussi importateurs) de préciser les pays où sont réalisées les étapes de production du vêtement.
Le collectif l’éthique sur l’étiquette, qui se bat pour les droits humains au travail, s’est donné pour mission de :
En juin 2018, Fairly Made, est fondée par deux femmes, Laure Betsch et Camille Le Gal. A l’origine, Fairly Made, « c’est une activité de services, ont structuraient les filières d’approvisionnement pour les marques », exprime Camille Le Gal, dans le podcast La Relève. Elles se sont dirigées vers le B2B, qui a un impact beaucoup plus large.
Cette start up s’est donné pour mission de décarboner l’industrie du textile. L’objectif est d’offrir, aux marques de textile, une filière d’approvisionnement pré établie, avec les matières premières, la filature, la teinture, le tissage. Les marques bénéficient d’un QR code avec des photos, des textes descriptifs des usines à l’appui. Etam, Les Galeries Lafayette, Zadig et Voltaire, sont les premières entreprises à avoir collaborer avec Fairly Made. La start up a développé des technologies de traçage pour pouvoir appuyer la transparence et la traçabilité des textiles grâce à des preuves concrètes.
Elles ont travaillé et travaillent toujours à identifier sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement et sur une sélection de produits l’impact environnemental du textile. « On visite plus de deux cents usines en deux ans », se confie Camille Le Gal. A la fin, elles enregistrent plus de 60 usines certifiées. Elles s’appuient sur des informations liées à chaque étape de transformation pour obtenir une analyse 360° du produit. « On a tout un cahier des charges et des filières d’approvisionnement, on fabrique de bout en bout les produits ». Elles ont accompagné les marques sur une quinzaine références et aussi souvent sur leurs campagnes marketing et communication.
Après la pandémie du Covid, on observe un « éveil de conscience dans les modes de consommation », que ce soit au niveau des consommateurs et donc des marques. Pour faire face à cette demande croissante des marques de mesurer leur impact environnemental, Fairly Made a développé un logiciel. Cette solution Saas permet aux marques d’être plus autonome tout en bénéficiant des méthodologies Fairly Made. Il s’agit de Fairly Made Impact, qui permet aux marques de mesurer l’ensemble des trajets parcourus par le produit : de la matière première à l’entrepôt.
Mesurer pour améliorer.
En effet, cette solution va calculer l’impact environnemental du produit en question puis faire des préconisations en corrélation avec les réglementations françaises et européennes. Il vous permet de comparer vos améliorations d’une collection à une autre.
Ensuite, les marques ont la possibilité de communiquer sur leurs engagements grâce à des datas, des chiffres clés.
Fairly Made travaille avec le gouvernement pour une entrée en vigueur d’un éco score pour les produits de textile. L’application d’un éco-score deviendra obligatoire pour toutes les marques de textile dès 2025. Même Shein devra se plier aux réglementations pour continuer de commercialiser.